Avant le match de Montauban, nous avons rencontré Fabien Gengenbacher, manager sportif du FCG. La défaite face à Provence Rugby, son rôle au sein du FCG, sa 1ère année en tant que manager sportif et son message aux supporters, il nous livre une interview sincère et passionnée.
Fabien, ce dernier bloc de la saison, important pour le maintien du FCG a démarré par une défaite (6-9 au stade des Alpes face à Provence Rugby). Es-tu inquiet ?
Je ne suis pas inquiet. Je suis énervé et agacé. Frustré par le résultat. Le bloc précédent était plutôt encourageant, il avait validé certaines choses. Nous avions réussi à être constants dans nos performances, même si lors du match face à Colomiers nous n’avions pas existé en 1ère mi-temps. Mais ce que l’on s’était rendu compte dans ce bloc c’est que nos points bas étaient beaucoup moins bas que lors du début de saison et que nous avions gardé la capacité à revenir dans les matchs avec la possibilité de les gagner. A Colomiers, on aurait pu et dû le gagner à la fin. A Béziers, on s’est servi de la défaite face à Provence au match aller pour glaner un point de bonus défensif qui compte aujourd’hui. Pour revenir à la défaite de la semaine dernière face à Provence, je suis très en colère par rapport à notre prestation. Nous étions face à une équipe qui a refusé de faire du jeu et malgré le fait que nous finissons le match avec 65% de possession, 75% même à un moment donné du match, nous n’avons pas réussi à prendre le score et sur ce genre de match quand à 20 minutes de la fin tu es derrière au score cela devient problématique car il faut tenter des choses, parfois intentables. Après on perd des ballons au contact et on loupe 2 pénalités dans les cordes du buteur ainsi qu’une passe au pied qui échoue en ballon mort. On a eu les opportunités.
Concrètement quels ont été les manques au cours de la rencontre ?
Nous n’avons pas été assez agressifs dans les zones de ruck et notamment en 1ère mi-temps. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. On a aussi fait des erreurs individuelles de conservations du ballon. Tout cela fait qu’à la sortie on perd ce match. Pourtant, même si nous on joue le maintien et eux le Top 6, il n’y a pas de grandes différences entre les 2 équipes.
Certains ont parlé de manque d’envie et de problèmes techniques sur les déblayages notamment. Par exemple lorsqu’un joueur prend une initiative, il se retrouve vite seul et sans soutien. Les provençaux se sont régalés sur les grattages en particulier en fin de match.
Aujourd’hui, il y a tout un travail qui est effectué sur les attitudes aux contacts. Steven Setephano intervient, les coachs font un gros focus sur cette phase de jeu. Cependant, le rugby d’aujourd’hui est fait d’initiatives individuelles. N’importe où on se trouve sur le terrain et n’importe quel poste ou on joue, on doit avoir cette capacité de réaction lorsqu’un joueur prend une initiative dans le jeu. Il faut vite aller sécuriser le ballon car c’est le plus important. C’est là-dessus que l’on a pêché la semaine dernière. On a beaucoup travaillé sur ce point cette semaine et en particulier sur la règle du plaqueur-plaqué. L’arbitre nous a beaucoup sanctionné sur cette règle qui fait que le plaqueur doit sortir soit à l’est soit à l’ouest du ruck. Mais ce que l’on surtout relevé et on l’a dit aux joueurs : c’est le manque d’énergie. Cette énergie est un peu notre fonds de commerce depuis le début de l’année. Sur ce dernier match et je comprends les supporters, on n’a pas senti ce sentiment de révolte ni cette énergie qui aurait pu faire basculer le match. On n’a pas le droit de ne pas retrouvé cette énergie. Cela fait partie de notre ADN. Nous ne pouvons pas nous manquer sur ça.
« Si on identifie que c’est moi le problème. On se mettra autour d’une table et je m’en irai ! »
Ta légitimité et ton inexpérience sont souvent remises en cause. Comment tu le vis ?
Je le savais. Quand le club est venu me chercher, pour beaucoup de raisons j’ai failli dire non. Puis pour d’autres raisons également j’ai dit oui. Je savais donc que j’allais arriver avec cette étiquette de novice. C’est vrai que je n’avais jamais été manager d’une équipe professionnelle avant aujourd’hui ou que j’ai un caractère plutôt tempéré, que je ne suis pas un « aboyeur ». Tout cela je l’avais pris en considération. Je savais aussi que cette nouvelle expérience allait m’abimer, et c’est le cas, mais c’est un challenge. La pression dans le milieu sportif je sais qu’on l’a tous. Si tu gagnes tout va bien, si tu perds tu es un con ! Et dans ce cas-là il n’y en a qu’un qui est responsable ! ça si tu ne l’acceptes pas, tu ne viens pas dans un tel projet. Forcement que la saison que l’on vit cette année fait qu’il faut se remettre en question chaque jour, chaque moment. C’est ce que l’on fait avec tout le staff. Par rapport aux choses que l’on met en place par exemple. Dés le début le message a été clair avec mes dirigeants : le club a besoin de ses supporters, de ses partenaires et de son environnement. Si a un moment donné le problème c’est moi et qu’on l’identifie. Et bien on se mettra autour d’une table et je m’en irai ! Ce club, je l’ai dans la peau, dans les veines. J’y ai laissé 11 ans de ma vie. J’y suis revenu parce que j’ai envie de m’engager pour lui, pour qu’il continu à grandir. Ma personne elle est toute petite là-dedans. Il n’y a pas de débat à ce sujet.
Quel est ton rôle exact au sein du FCG ?
En début de saison on m’a demandé si j‘allais être en short ou en chemise. Mon 1er défi, cela a été de mettre en place une organisation qui correspond au projet du club. Après, je le dis depuis le début, malgré mes diplômes d’entraineur je n’ai jamais œuvré à haut niveau. Si j’avais pris le sifflet tout seul ou avec des assistants, je me serai trompé. J’ai donc mis en place des coachs principaux qui sont chargés des contenus d’entrainements, des plans d’entrainements et de la stratégie du match. Ils travaillent ensemble sur le plan offensif/défensif et sur leurs prérogatives des avants et des ¾. Je leur délègue donc toutes ces fonctions.
« je cumule le titre de head coach et celui de directeur sportif »
J’ai mis en place des entraineurs U21 à leurs côtés afin qu’il y ait une vraie transversalité au niveau du club. Quand de jeunes U21 parce qu’ils ont été bons en match, viennent en immersion dans le groupe pro, ils ont les mêmes annonces, la même stratégie de jeu et le même plan de jeu. On gagne alors énormément de temps. Les 45 mecs qui forment le groupe pro, qu’ils jouent ou qu’ils ne jouent pas le prochain match, et bien ils travaillent de la même manière. Nous sommes dans ce projet, c’est notre projet et on y croit. Outre ces points, ma mission est aussi sur la cellule de recrutement : je fais le lien avec les agents de joueurs. Je cumule le titre de head coach (entraineur en chef), ce qui est le cas de 90% des managers dans le rugby actuel et les fonctions d’un directeur sportif où je travaille sur des projets structurants dans l’organisation globale du sportif, la mise en place de nouveaux outils de performances.
Tu restes tout de même proche du terrain ?
Oui ! il fallait que j’accompagne ce nouveau staff. Mais ce n’est pas que ça. On a des choses à faire évoluer sur la préparation physique, sur la performance invisible. J’ai mis en place plusieurs briques qu’il faut coordonner et animer. C’est mon rôle. Je m’occupe par ailleurs des entretiens avec les joueurs. Les entretiens de performances individuelles avec des objectifs concrets à courts, moyens et longs termes et les objectifs de projets du joueur. Je sais que cela interpelle que je sois sur le terrain et que je porte les gourdes. C’est aussi parce qu’il y a la mise en place du binôme d’entraineurs (Arnaud Héguy et Nicolas Nadau). Il fallait les accompagner et les soutenir et leur donner de la confiance. Par exemple pour la composition d’équipe Arnaud pour les avants et Nicolas pour les ¾ me font leurs propositions et très honnêtement je n’ai jamais eu à trancher car tous les 2 sont très alignés sur notre projet commun. Ma posture est plus proche du terrain pour toutes ces raisons. C’est la 1ère phase de notre projet.
On te voit effectivement encore plus proche du terrain puisque depuis quelques matchs tu es carrément sur le bord de la pelouse. En revanche, Arnaud Héguy est lui monté en tribunes. C’est ton caractère plus tempéré qui a commandé cela ?
(rires) non pas du tout ! Bon, c’est vrai que sa petite suspension a déclenché de fait sa présence en tribune. En réalité, Nicolas Nadau a un diplôme qui lui permet d’être sur le bord de la pelouse. Arnaud entre en formation pour obtenir ce diplôme. Sur la feuille de match, suivant les diplômes possédés on obtient un bracelet de couleur différente. Mais ce qui a surtout motivé le positionnement d’Arnaud en tribune, c’est qu’il a voulu prendre de la hauteur par rapport à l’analyse de la touche et de la mêlée. Cela dit, il se peut que l’on repasse dans nos positions initiales, rien n’est figé.
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