bonjour la team du Raffut
voici mon débrief après ce match extraordinaire des Grenoblois
Sensationnel !
« On va mettre l’énergie et ce soir, on l’a » Tels étaient les propos de Nicolas Nadau, quand du bord de touche, l’entraîneur des trois-quarts grenoblois répondait aux questions des journalistes de Canal +. Et, oui, il en aura fallu de l’énergie pour venir à bout de cette équipe provençale, le leader de Prod2 et invaincu de toute la saison à domicile. Les Aixois restaient sur une série de 18 matchs sans défaite à Maurice David, et cette saison, les équipes qui y sont venues, sont souvent reparties avec les valises pleines. Alors battre une telle équipe, à la maison, dans un contexte de demi-finale, était une véritable gageure. Et pourtant, comme en 2018 à Montauban, Grenoble a réussi l’exploit de gagner sa demi-finale à l’extérieur, ce qui se produit rarement. Jouer à domicile pour l’équipe qui reçoit est un avantage indéniable, d’autant plus quand c’est l’équipe qui a fait la course en tête une bonne partie du championnat qui reçoit. Cependant, les Provençaux participaient pour la première de leur histoire à une demi-finale. Ce manque d’expérience a dû jouer en faveur des Grenoblois.
Il y a quinze jours, Aixois et Grenoblois se rencontraient pour le compte de la dernière journée de championnat aux enjeux opposés pour les deux équipes. Les hommes de Mauricio Reggiardo voulaient finir premier du championnat et prendre leur revanche sur les Grenoblois, qui les avaient humiliés en début d’année en leur infligeant une correction : 44-20. Pour le retour, les Provençaux ne se sont pas fait prier pour battre à plat de couture les hommes de Nicolas Nadau sur un score fleuve : 45-10 ! Mais, ça, c’était pendant la phase régulière et ces deux rencontres appartiennent déjà au passé. Maintenant, les compteurs sont remis à zéro pour les phases finales. Dorénavant, les affrontements entre les équipes n’ont plus rien à voir avec le contexte du championnat. Place, désormais, à la stratégie, à la tactique, à l’intelligence des entraîneurs pour gagner. Que les matchs soient spectaculaires ou pas, seule la victoire compte. Et visiblement, le duo d’entraîneurs grenoblois Nadau-Pézery ont su concocter un plan anti Piazzoli pour contrecarrer l’excellent jeu au sol dans les rucks du joueur d’origine italienne. Dans chaque rencontre, dès qu’il y a un ruck, le troisième ligne de Provence conteste tous les ballons et récupère un nombre considérable de pénalités. Et ce n’est pas tout, les Grenoblois doivent aussi être disciplinés en défense pour contrer les attaques des Finau, Lapègue, Comlobet et autre Drouet, les quarts-quarts aixois de feu qui marquent beaucoup d’essais. Alors quelle stratégie mettre en place ?
Occupation et pragmatisme
Occuper le camp aixois et ne pas jouer les ballons à la main dans son camp. C’est incontestablement ce que les Grenoblois ont dû travailler tout au long de la courte semaine de préparation. Mais pour occuper parfaitement le camp d’en-face, il faut avoir un jeu au pied pertinent. Avec Éric Escande, Julien Farnoux et le chef d’orchestre en la matière, Sam Davies, Grenoble a des atouts majeurs dans son équipe. Pour le moins que l’on puisse dire, les trois artilleurs n’ont pas chômé pour renvoyer les ballons dans le camp des Aixois tout en mettant de la pression à sa retombée. Éric a été très précis sur les sorties de camp gagnant de précieux mètres. Julien, du fond du terrain, a distribué des coups de pied longues distances dans le seul but d’éloigner le moindre danger. Quant à Sam Davies, il a été le maître d’œuvre avec des coups de pied d’une précision remarquable. Ce 50-22 qu’il trouve en fin de première mi-temps est extraordinaire. On joue la 35e minute, Grenoble est mené 17-12. L’alignement grenoblois vole le deuxième ballon sur lancer aixois. Sam hérite du ballon, voit le fond du terrain découvert et tape dans le ballon d’un extérieur prodigieux. Il fait gagner plus de 60 m à son équipe avec derrière une possession en touche. Quelques instants après, Nathan Farissier termine l’en-but et Grenoble égalise ! Le match est complétement relancé. Les Grenoblois avaient encaissé deux essais et étaient malmenés en défense par les attaquants provençaux.
A ce coup de maître gagnant, il faut ajouter à l’actif de Sam, les quatre pénalités réussies en première période à la suite de quatre séquences sur six possessions dans le camp aixois de l’attaque grenobloise qui a fait preuve d’un pragmatisme remarquable. A lui, seul, Sam inscrit douze points de pénalité et offre un ballon d’essai en première période !
Cependant, Sam a loupé une passe au pied pour un attaquant grenoblois. Ainsi le ballon est allé en touche. Les Provençaux en ont profité pour effectuer un lancement de jeu, ce qui a été lourd de conséquence. Grenoble encaisse un essai (15e, 10-6) et Romain Trouilloud prend un carton jaune à la suite d’un plaquage sur un joueur sans ballon. Comme c’était la deuxième fois que les Grenoblois faisaient ce type de faute, l’arbitre a sorti le carton jaune pour Romain. Et comble de malheur, les Isérois encaissent un deuxième essai lors de l’infériorité numérique ! (22e, 17-9).
Côté conquête, il n’y a eu aucun problème. Pour la touche, sur le seul ballon perdu sur 6 lancers (lancer pas droit, 20e) la sanction fut immédiate. Sur la mêlée qui est jouée dans la foulée, les Provençaux lancent une offensive qui débouche sur leur deuxième essai marqué par l’arrière aixois face à une défense grenobloise en infériorité numérique.
Durant ces quarante premières minutes, les Isérois ont été réalistes sur les ballons joués dans le camp des Aixois puisqu’ils ont marqué sur leurs temps forts. Interrogé sur le bord de touche par Canal +, Patrick Pézery regrettait le carton jaune et les deux essais encaissés, mais « Dès qu’on tient le ballon, on peut être dangereux ». Ce qui a permis à ses joueurs de mettre à la faute les Provençaux (6 pénalités contre 4) et de rester au contact au score avec les pénalités transformées par Sam Davies.
Les statistiques de la première mi-temps :
Touches (Grenoble) :7, une touche vite jouée et une touche pas droite
Touche (Aix) :6, une touche vite jouée et 3 ballons perdus ou volés.
Mêlée (Grenoble) : 1, pas de faute.
Mêlée (Aix) : 1, aucune faute.
Pénalité : 4 contre Grenoble, un carton jaune (deux plaquages sans ballon) et 6 contre Aix et un jaune.
Maîtrise et solidarité
Durant le second acte, les Grenoblois poursuivent leur stratégie d’occuper le camp aixois par le jeu au pied du trio Farnoux, Escande (puis Couilloud) et Davies. Les Isérois ne joueront quasiment aucun ballon à la main depuis leur camp. Ils vont encore se montrer très réalistes en marquant sur la moindre occasion. Sur une grosse séquence de possession au cours de laquelle, les Grenoblois vont progresser dans le camp aixois après plusieurs temps de jeu. A l’entrée des 22m, Sam Davies se place dans l’axe des poteaux, Éric Escande a compris que Sam est prêt pour le drop. Le demi de mêlée s’exécute et le Gallois claque un magnifique drop, ce qui permet à ses coéquipiers de reprendre le score : (17-20, 54ième). Puis deux plus tard, c’est au tour de la mêlée grenobloise de prendre le dessus et d’offrir une nouvelle pénalité pour Sam, qui trouve parfaitement la mire ! (17-23, 56e).
Malheureusement sur une mauvaise sortie de camp, Aix marque leur troisième essai consécutivement à un lancement de jeu après une touche jouée à l’entrée des 22 m. (60e, 22-23).
Pendant, les vingt dernières minutes, Les Provençaux tentent le tout pour le tout en essayant de produire du jeu, mais ils se montrent très maladroits en commettant des en-avant (8 contre 4) ou en faisant tomber des ballons sur les bons plaquages de la défense grenoblois qui faut preuve d’une très grande solidarité. On entre progressivement dans le money time. Sur une bonne séquence de jeu, les Dauphinois ont l’occasion de tuer le match. Le ballon circule bien, il arrive sur les extérieurs, mais la dernière passe de Sam à Julien Farnoux, prêt à effectuer les derniers mètres pour aller en terre promise, est mal assurée ! Deux à trois minutes plus tard, nouveau lancement de jeu, et encore un en-avant de Sam. Mêlée pour Provence et pénalité contre la première ligne grenobloise (76e). Bien loin des poteaux, les Aixois choisissent la pénaltouche. C’est le ballon de la gagne. Le contre grenoblois vole le ballon et le dégage en touche. Nouvelle chance pour les Aixois. Nouveau ballon perdu en touche sur le lancer de Loïc Jammes ! Puis, nouvelle mêlée pour Provence. De bord de touche, Patrick Pézery donne les consignes à ses piliers de bien tenir leurs coudes, de donner une bonne image à l’arbitre. La mêlée est maitrisée. Lancement de jeu de la dernière chance pour Aix. Le stress est à son comble dans le camp grenoblois sur le bord du terrain dont les regards sont tous en direction de la progression du ballon. Le porteur de balle aixois est plaqué. Geoffrey Cros, bien sur ses appuis allonge ses bras et met ses mains sur le ballon. Contest validé par l’arbitre qui siffle la pénalité de la délivrance pour Grenoble ! Grenoble est en finale, les supporters grenoblois envahissent la pelouse et se pressent auprès des joueurs pour les féliciter. Un moment de liesse incroyable.
Victoire sensationnelle de cette équipe de Grenoble revenue de nulle part depuis le 3 juillet, qui réalise un méga exploit à Aix-en-Provence ! Philippe Groussard est totalement subjugué et dithyrambique dans ses propos à l’encontre de la performance des Grenoblois : « Mais quel exploit des Grenoblois qui vont chercher une qualification à l’extérieur ! Quelle aventure, quelle histoire pour ce club de Grenoble ! »
Et oui, mais quel match des hommes du duo Nadau-Pézery qui ont su trouver les mots pour motiver cette équipe faite de nombreux jeunes issus de la formidable formation grenobloise et d’anciens joueurs qui apportent leur expéreice. Quel match encore du capitaine Steeve Blanc-Mappaz !
Maintenant, cette équipe doit aller au bout de son histoire, au bout de son aventure, au bout de son périple qui passera pour la deuxième fois consécutive par Toulouse ! Depuis cette quête pour le ticket de la finale, l’engouement du peuple grenoblois devient fou. Les bus se remplissent. La fièvre du rugby gagne toute la région grenobloise ! Samedi 8 juin, Grenoble et Vannes vont s’affronter pour le graal, pour le titre et la montée en Top 14. Match dantesque en perspective !
Les statistiques de la deuxième mi-temps :
Touche (Grenoble) :4, un ballon perdu.
Touche (Aix) :8, deux ballons perdus et non des moindres, les deux plus importants.
Mêlée (Grenoble) : 3, une pénalité contre Aix.
Mêlée (Aix) : 3, une pénalité contre Grenoble.
Pénalité : 4 contre Grenoble et 3 contre Aix.
Dans le midol, la Une est consacrée au FCG ! Il y avait longtemps.
Pas d’étoile mais des notes :
Davies 8 ! Escande et Steeve : 7,5, Javakhia, Lainault, Cros, Massa 7
« Rien n’arrête le FCG » titre NZ
NZ met en évidence l’exploit des Grenoblois qui sont venus à Aix avec un esprit de revanche, et surtout motivés par le comportement des Aixois qui les avaient chambrés quinze jours plus tôt.
Un article sur Sam, « Davies encore décisif » par Arnaud Beurdeley