Grenoble s’offre un festival
Ils étaient venus sans pression avait dit Jacques Delmas, coach d’une équipe de Provence qui joue les 1èrs rôles dans le championnat de ProD2. Les grenoblois, eux, la pression ils l’ont. Tous les jours et à chaque instant. Depuis le début de saison et les coups qu’ils prennent sur la tête sur le plan administratif, les grenoblois jouent avec la pression : celle de maintenir leur club, leur blason dans les objectifs qu’ils se sont fixés, à savoir jouer la phase finale.Malgré les 12 points retirés par le gendarme financier de la LNR, le FCG était de retour sur sa pelouse du stade des Alpes avec la ferme intention de repartir à l’abordage. L’intention, c’est une chose mais comment le groupe allait-il résister à un environnement extra-sportif aussi négatif ? En avant-match, les grenoblois l’avaient dit : « nous on est là pour jouer au rugby. Ce qui se passe autour on n’y est pour rien. Et même si cela nous affecte, notre boulot c’est de gagner sur le terrain ».
Le FCG a joué, du début jusqu’à la fin. Le FCG a relevé la tête après sa défaite face à Nevers le 15 décembre dernier et le FCG a répondu aux interrogations : les rouge et bleu sont toujours là et bien là.
Dès l’entame de match on a vu du jeu. Beaucoup de jeu, beaucoup de passe, de l’envie, de l’abnégation et de la solidarité. Un jeu agréable à voir mais assez stérile. Des passes, souvent pour du jeu latéral devant la défense, sans véritable avancée. Malgré cela, le FCG va ouvrir le score grâce à Hulleu, après une relance de Farnoux bien relayé par Ezcurra et Cros, le jeu va rebondir sur l’aile opposée et le jeune ailier grenoblois ira aplatir en coin. Transformé par Davies et voilà Grenoble qui prend la marque après 10 minutes de jeu. Les grenoblois avaient envie cela se voyait. Cros relançait depuis ses 22 mètres et perçait la défense, malheureusement Gauthier commettait un en-avant alors qu’il avait un boulevard devant lui et 2 coéquipiers à sa gauche. 10 minutes plus, tard, c’est Javakhia qui entrait dans l’en-but avec l’aide de son pack mais le puissant géorgien était poussé en dehors des limites du terrain, sans qu’il puisse aplatir. Le FCG dominait son adversaire. Des provençaux pris dans tous les compartiments du jeu. Patrick Pezery au micro de Canal + était satisfait du jeu proposé mais regrettait que son équipe ne soit pas plus pragmatique et surtout que celle-ci prenne des risques en jouant devant la défense. Visionnaire, le coach grenoblois, avait prévenu : suite à un enchaînement des ¾ grenoblois, la passe de Batu Ezcurra était interceptée par le centre Finau, qui, malin, filait plein centre et déposait le ballon derrière la ligne après une course de 50 mètres. Gopperth transformait et Provence revenait à égalité sans avoir rien montré. Le spectre de la défaite face à Nevers après plusieurs actions de même acabit resurgissait. Mais, cette fois-ci, les grenoblois ont retenu la leçon. Javakhia, énorme hier soir, va casser un placage aux 30 mètres, libérant en off-load permettant la continuité jusqu’à son ailier Geoffray Cros puis Blanc-Mappaz repris à 5 mètres. Après, plusieurs pick and go devant la ligne, c’est Zack Gauthier qui marquait en force le 2ème essai grenoblois. Davies transformait et Provence prenait un carton jaune sur l’action. 14 à 7 à la 30ème minute et avec une supériorité numérique, le FCG pouvait croire au break avant la mi-temps. Pourtant, c’est Provence qui allait mieux finir. Après un maul à 5 mètres logiquement sanctionné par l’arbitre, les grenoblois vont reculer. Sanctionnés en mêlée, le FCG va subir et se mettre de nouveau à la faute. Gopperth prendra les points pour ramener son équipe à 14 à 10 alors que Monsieur Lasausa sifflait la mi-temps.
Pas cher payé pour des grenoblois qui faisaient plaisir à voir mais qui restaient sous la menace du dauphin de la ProD2.
Le FCG déroule
Revenus sur la pelouse avec les mêmes intentions, le FCG va alors se montrer efficace et pragmatique. Et de quelle manière !! cette seconde période verra un FCG transcendé, valeureux et marchant sur l’eau. C’est tout d’abord Mathis Sarragallet qui après avoir joué une touche à 5 mètres en combinant avec Muarua en une- deux lanceur/réceptionneur ira parcourir ces 5 mètres pour s’arracher jusque derrière la ligne. Davies, marquera la transformation en coin pour donner un avantage plus large à son équipe : 21 à 10 (45ème). A partir de là, Provence ne va plus exister et le FCG va dérouler. Tous les ballons seront relancés, toutes les pénalités seront jouées en touches, à l’image de ce que font les irlandais. C’est pourtant un gallois qui allait démontrer tout son génie : Davies envoyait un ballon rasant dans le dos de la défense, repris par Farnoux qui mettait 2 défenseurs dans le vent avant de servir Cros pour le 4ème essai synonyme du bonus offensif. Du grand art pour le numéro 10 grenoblois et de l’adresse pour un Julien Farnoux très en jambes. Le réalisateur grenoblois ajoutait les 2 points de la transformation et de grand art on passait au 7ème art avant l’apothéose du festival grenoblois. En cannes, l’ailier Geoffray Cros, s’offrait un doublé à la 57ème minute. Après un drop de Davies qui tapait le poteau, les grenoblois allait dérouler le film qui leur avait si bien réussi l’an passé face à Mont de Marsan : un groupé pénétrant qui mettait Provence sur le reculoir et Cros qui pouvait en coin inscrire le 5ème essai de la soirée côté grenoblois. Davies loupait son coup de pied de transformation mais Grenoble menait 33 à 10 à 20 minutes de la fin et nous offrait des séquences de jeu dignes des all blacks : des enchainements, des off-load, des passes qui tombent dans les mains des coéquipier lancés. Bref une belle panoplie de jeu comme on aime ! Les entrées des finisseurs grenoblois n’allaient pas ralentir le jeu et le film du match n’avait pas encore livrée toute sa vérité. Farnoux, après avoir récupéré le ballon en bout de ligne, prenait à revers les 2 défenseurs de Provence et marquait son 2ème essai de la soirée ! 3 minutes à peine après l’essai de Cros ! 38 à 10, Davies ne transformant pas. Où diable les grenoblois allaient-ils s’arrêter ? ou plutôt quand ? Car les grenoblois étaient déchainés à l’image d’un Georgi Javakhia monstrueux de puissance. Même le jeune Delbois qui faisait ses débuts avec le FCG en professionnel se mettait au diapason de ses coéquipiers : 2 ballons glanés en touches défensives pour le seconde ligne de 20 ans.
Le maitre à jouer du FCG, Davies, après une touche longue jouée pour Barthélémy, donnait à Batu Ezcurra qui prenait l’espace et entrait dans les 22 de Provence. Le centre argentin remettait à gauche pour Hulleu qui allait inscrire le 7ème essai grenoblois entre les perches. Un véritable festival pour des grenoblois qui récitaient leur rugby et faisaient vrombir les supporters en tribunes. Davies donnait 2 points de plus : 45 à 10 à la 75ème minute. Et comme, ces grenoblois sont forts et comme ils sont fiers, jusqu’au bout ils ne lâcheront rien, à l’image de ce retour de Trouilloud sur Lapègue pourtant partit pour inscrire un second essai. Mais le centre grenoblois avait décidé que le FCG ne prendrait pas de pont en seconde période. C’est sur ce placage que l’arbitre allait mettre fin à la rencontre.
Une victoire au combien importante sur le plan compte mais également sur le plan moral et enfin sur le plan du rugby tout simplement. Cette équipe grenobloise est exceptionnelle de qualités mentales et également techniques. Alors ce n’est qu’un match, qu’une victoire mais dans le contexte actuel, elle vaut de l’or. Les grenoblois viennent de prouver aux yeux de tous qu’ils sont là et toujours là malgré ce qu’ils ont subi.
La semaine prochaine, début de la phase retour avec un déplacement périlleux dans la cuvette de Sapiac. Face à Montauban, la ruée vers l’or de la phase finale va devoir se poursuivre pour un FCG qui compte bien revenir sous les feux des projecteurs en jouant les 1ers rôles dans cette ProD2.
Les + :
- toutes l’équipe est à féliciter. Javakhia, Davies, Cros, Farnoux, Hulleu, Dridi sont à mettre en avant. Mais c’est vraiment tout un collectif qui a occupé le devant de la scène.
- la touche : 2 ballons perdus seulement hier soir
Les - :
- une 1ère mi-temps qui fut bonne mais il a manqué le fameux instinct de « tueur » et ce pragmatisme qui aurait pu laisser Provence espérer.
- En supériorité numérique, le FCG a encaissé 3 points ans sans en marquer un seul. Attention !
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